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Photo du rédacteurMpier R. Lamoureux

Récit de naissance:Un nouvel humain sur terre

Dernière mise à jour : 29 juin 2023


Hier matin, j’ai été appelée pour assister à une naissance et témoigner l’arrivée d’un nouvel humain sur terre.


Un couple que j’accompagne attendait leur premier enfant.


C’était le moment tant espéré pour les parents, après avoir traversé une Embarcation qui a pris son temps.

Un col qui était dilaté à 4 cm durant presque 2 semaines, apportant avec elle des épisodes de contractions au 6 minutes, pendant plusieurs heures, et certaines pauses, certains répits que les parents ont dû aller chercher.


Et oui, les « strippings » peuvent engendrer des Embarcations qui durent et s’étirrrrrrrrrrrrrrrreeeent. Laissant aux parents très peu de répits et des moments de découragement. Durant ce long processus, nous avons discuté des positions pour faciliter la fixation de bébé, pour que sa tête appuie bien sur le col et travaille de concert avec les contractions. Il semble que bébé n’était pas encore prêt pour le grand jour… des parents qui ont fait tout ce qu’il fallait… et même jusqu’à être patients et attendre le bon moment.



Et finalement hier matin, le téléphone a sonné, à 6h tapant, à 40 semaines pile de grossesse.


C’était le partenaire qui m’informait que sa compagne avait des contractions très fortes depuis maintenant 2 heures, des contractions qui duraient 1 bonne minute et revenaient au 2-3 minutes. Il semble que c’est le bon moment. Il me demande « Qu’est-ce qu’on fait ? » et je demande à parler à maman.


Lui de me répondre… « Humm je ne sais pas si elle voudra parler ». Je l’encourage à me mettre en lien avec elle et lui demande comment elle se sent. « C’est partie, je le sens et…..(des sons graves émergent des profondeurs de la mère qui nait) haaaaaaaaaaaaaaaaa………aaaaaaaaaaaaaa…… ».


Je sais qu’elle a passé son Voile, je sens qu’elle est déjà bien Entre les Mondes. Et je lui dis, « Je pense que c’est le moment de se rendre sur votre lieu de naissance ». Nous nous entendons pour que j’aille les rejoindre. Mes enfants dorment encore. Papa prendra le relais. S’enclenche ensuite le protocole mis en place pour assurer mes départs, mes présences ailleurs…



Je prends une douche rapide, j’annule ma consultation du jour, je remplis mon thermos de café que mon complice de vie à eu la gentillesse de préparer. Je me dirige dans la voiture, où mon sac de Doula se trouve déjà depuis presque 2 semaines, depuis les 37 semaines de grossesse de ma cliente. Et je me dirige vers le lieu de naissance que mes clients ont choisi, à 1h de route de chez moi.



Départ : 6h30.



Je commence la route dans cette voiture dans laquelle la radio est la plupart du temps fermée.


Je décide de l’ouvrir pour me réveiller et une chanson des « Trois accords » passe. Je me mets à écouter les paroles.


Et bam!! C’était parfait. Un beau clin d’œil de la vie.


« Comme un carnivore

Version semi-rude

Un léopard, tu as

L'habit bicolore

Et de l'attitude

Un seul regard rivé

Sur la lumière, patient

Comme un guépard, l'instant

Qu'elle tourne au vert

C'est bien plus qu'un départ

C'est ton métier


Grand champion (grand champion)

Grand champion (grand champion)

International, de course

Grand champion (grand champion)

Grand champion (grand champion)

International, de course


Tu appuies à fond sur le champignon

Tu accélères

Et tu traverses le peloton

Première position

Vite comme l'éclair, que dis-je

Vite comme du feu, derrière

Tes adversaires te trouvent

Bien plus que mieux

Toi tu, tu sais quoi faire

Tu roules sur tes pneus

Les bras, dedans les airs

C'est ton métier


Grand champion (grand champion)

Grand champion (grand champion)

International, de course

Grand champion (grand champion)

Grand champion (grand champion)

International, de course »


J’ai souri!


J’appelle prudence avec moi et continue ma route sur ce chemin qui est le mien, celui d’accompagner, de témoigner, de soutenir, d’envelopper d’amour. Accompagner la vie.



Après ma pause musicale inspirante, j’appelle mes enfants pour leur souhaiter une bonne journée et leur dire que je les aime.



Et je reçois des textos du conjoint.

Lui- « On est rendu à 7cm » (moi de penser : « hummm , il me reste encore 40 minutes de route»)

Lui- « On vient de perdre les eaux »


15 minutes plus tard…


Lui- « Ça va vite » (je suis à 36 km d’eux à ce moment)

Lui- « Ça commence! »


Quelques minutes plus tard…


Lui- « Tu es rendu où? » (je suis à 11 km d’eux à ce moment )

Moi- « J’arrive » et je l’informe de ma position.



Lors des rencontres prénatales avec mes clients, nous abordons la gestion de l’intensité et de la douleur. J’amène souvent le sujet comme lorsqu’on joue aux cartes : idéalement, on utilise ses meilleures cartes que lorsque le jeu est décisif. Au début du jeu, on choisit d’utiliser les cartes qui sont ajustées au niveau du jeu, souvent les cartes qui sont les moins puissantes. C'est un peu la même chose en ce qui concerne les sensations de l'enfantement. On ajuste les mesures de soulagement en fonction de l'intensité des sensations en gardant son outil ultime pour le moment le plus intense.



Et bien, mes clients étaient préparés (les mots de papa) , ils avaient bien joué leurs cartes : se laisser porter par l’énergie de la nuit et celle du jour, rester mobile, prendre un bain, travailler avec le foulard de portage pour favoriser la position de bébé et accueillir les contractions, travailler avec les balles mousses, intégrer les points de pression au bon moment, danser avec le ballon d’exercice, se laisser porter par la musique, souffler, faire des sons graves, positions vers l’avant, rester dans un lieu sécurisant pour eux le plus longtemps possible, appeler la Doula au bon moment…


Ils étaient prêts et savaient quoi faire. Ils ont joué leurs cartes d’une manière stratégique et réfléchie. Wow! Ils sont puissants. Bébé est même passé d’une position postérieure vers une position optimale en moins de 18 heures! Tout le monde est investi dans cette rencontre.


AWSOOOOOOOOOOME!


Et j’arrive enfin à l’hôpital, à la chambre, on m’ouvre la porte et je vois les parents qui s’affairent.

Et je vois…Une maman qui fait des sons graves, à quatre pattes sur le lit, appuyé sur un oreiller de corps, qui tisse graduellement un lien avec la femme sauvage qui l’habite, qui danse au rythme de ses contractions, qui réclame que le temps passe plus vite et défie ses limites personnelles et transgénérationnelles comme une guerrière. Car elle porte la voix/voie de son histoire et de celles qui la précèdent.



Et je vois…un papa soutenant qui encourage sa partenaire, qui lui dit qu’elle est belle et qu’elle peut le faire, qu’il croit en elle, qu’il le sait. Qui la masse, lui flatte les cheveux, lui fait des points de pression, lui rappelle de boire et la rassure qu’elle fait les choses parfaitement. Il incarne le grand « Gardien », qui protège l’espace et la confiance de sa complice de vie dans l’arrivée de cette nouvelle mère, ce père qui transite et ce bébé… ce bébé qui a tant été espéré, il y a déjà quelques années.



Le personnel est accommodant, présent, ouvert, encourageant, disponible, confiant. Gynécologue et infirmières sont bienveillantes dans leur approche et expriment des mots de réconforts aux parents.



Les parents gèrent comme des champions. Maman est complète et bébé s’engage dans sa Marée, dans la descente de la Yoni vers la vie extra-utérine. La Quiétude semble être passée rapidement, presque inaperçue.



Maman gère au mieux, courageusement.



Et même lors de ce fameux Sommet (le 2e on dirait) dont on a tant parlé ensemble, avant, il y a déjà une éternité, il me semble.



Celui qui surprend par son intensité, par sa violence, son déferlement de sensations bien plus intenses qu’on l’avait imaginé, qui heureusement ne dure pas et balaye avec lui une vague de doute, de découragement et de perte de confiance. Quand ce chaos arrive, et que le parent qui enfante nomme « Je n’y arriverai pas », « Je ne peux pas le faire », « Je ne suis pas capable », « Je suis sérieuse, faites quelque chose pour me soulager »… et que la seule chose dont elle a besoin à ce moment, c’est que l’on témoigne de sa transition, qu’on l’entende, qu’on la considère dans ce qu’elle vit. Elle n’a pas besoin d’être sauvée, elle a besoin d’être rassurée que bébé est aux portes de la vie, prêt à procéder à sa pleine incarnation.



Pendant que tout le monde autour du lit encourage vigoureusement maman et parle en même temps, durant la pause de la contraction… Je me penche près de son oreille et lui chuchote : « Tu es déjà en train de le faire. Tu le fais, tu accompagnes ton bébé. Tu fais tout ce qu’il faut pour traverser ton Sommet. Profite de ta pause et respire. ».



Je lui propose de passer de la position couchée sur le côté à la position à quatre pattes sur le lit, les bras déposés sur le ballon face à elle. Elle se berce, elle et son bébé en même temps, les deux en ont besoin, et elle apprend à profiter de ses pauses de plus en plus. Bébé descend, guidé par l'utérus qui lui montre le chemin.



Et à chaque contraction qui se présente, le personnel l’encourage à pousser.


Moi je lui rappelle dans son oreille qu’elle fait comme elle veut, comme elle le sent. Que la gravité l’a soutient, que son bébé connait instinctivement la danse de la naissance. Je ne l’encourage pas à pousser, je ne suis pas au service du système et des protocoles, mais bien au service de la famille.



Les poussées réflexes semblent se présenter, ce n’est plus tellement un choix, c’est une évidence.


Elle - « Ça pousse !! Ça brûle !! »



L’Émergence approche.



Et on voit les cheveux qui naissent… Je l’invite à toucher sa yoni pour découvrir la tête de son bébé qui se présente.



Et quelques contractions plus loin, la tête nait, et c’est à quatre pattes que maman accueille son bébé à 9h49 du matin.


La grande rencontre se produit, suite au Retour de la mère qui revient à son rythme dans la réalité ordinaire.



Quelques minutes plus tard, l’Achèvement se produit et fait naître le placenta de cette trinité sacrée. Celui qui a permis de préserver, maintenir et voir se déployer la vie. Il reste près des parents et du bébé pour qu’ils puissent l’honorer maintenant, et encore le moment venu. « On le garde. On le rapporte à la maison. On plantera un arbre dessus » dit la mère.



La Connaissance est en cours. L’ocytocine est à son plein. Bébé posé sur le ventre de maman qui s’extasie à sa vue, sous l’œil protecteur et admiratif de papa. Bébé est calme et silencieux. Bébé va bien. Maman va bien. Papa va bien.


Le Tissage pourra commencer bientôt. Un Tissage qui aura commencé dans leur cœur, il y a de cela, quelques années. Cet enfant aura été conçu de nombreuses fois dans l’invisible, prévu, attendu et espéré… suffisamment pour qu’il devienne leur « bébé parfait » dans la matière comme ils aiment si bien le dire.

Et une famille est née. Enfin.



Sur le chemin du retour, j’enclenche mon propre tissage dans un retour graduel dans la réalité de ma vie. Cette heure de transition qui me permet de quitter cette espace de vie puissant et de réintégrer ma famille, mon rôle de mère et de compagne. De revenir en douceur dans mon espace personnel. C’est avec un sentiment de gratitude que je fais les derniers kilomètres me séparant de la maison en étant remplie de satisfaction pour ce que je viens de vivre.


Un privilège sans nom, rempli de consistance et d’intensité, des espaces où je me sens confortable et tellement utile.


Je me sens comblée. Merci.




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