(Récit d'un soir des dernières semaines...)
Je ne dors pas.
Souvent en me couchant, je fais un survol de ma journée. Je fais une revue de ce que j’ai apprécié, de ce dont je suis satisfaite, de ce que je me mets comme objectif pour le lendemain, de ce envers quoi j’ai de la gratitude, de ce qui a été plus difficile pour moi et je fais le Ho'oponopono...
Et ce soir... il m’est revenu une discussion que j’ai eue avec une maman que j’accompagne. Elle me parlait de sa réalité de nouvelle maman et elle m’a dit: « J’aime être maman ».
Et ça a fait BOUM à l’intérieur de moi!
J’étais à la fois heureuse d’entendre ça et sous le choc pour moi-même. En toute honnêteté, j’observais, à cet instant précis , que je n’ai jamais eu cette révélation avec l’accueil de mes propres enfants.
Et pourtant, je sais que je les aime. Je ressens cet élan d’amour pour eux, pour nous, pour ce que nous formons, une famille, aujourd’hui, malgré les défis du quotidien. J’aime mes enfants. Je le sais. Je le ressens. Je le vis. Je le vois dans mes gestes. Je l’entends dans mes mots.
En fait, ça n’a rien à voir avec eux.
Cet amour a été construit jour après jour. Il n’est pas arrivé d’un coup. La précipitation lors de leurs naissances, les chocs post-traumatiques, la fatigue, la colère ont pris beaucoup de place (trop!!). J'ai longtemps été hanté par l’absence de photo souriante lors de la naissance de mes enfants. Tsé cette fichue photo où on voit papa et maman souriants, comblés, tellement heureux d'avoir dans leur bras leur bébé. ENFIN! Un sentiment d'accomplissement qui submerge la mère qui tient enfin son bébé. Elle a réussi! ELLE L'A FAIT! Un sentiment de fierté dans les yeux du partenaire qui est fier de sa compagne qui a donné la vie. ELLE L'A FAIT!
Je ne sais pas de quoi il s'agit... Ahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh............
Quand j’y pense, il m’aura fallu presque 3 ans pour initier un lien d’attachement tangible avec ma fille. Seigneur, j’ai dit ça.
Et ce n'est pas terminé. On tisse encore chaque jour.
Je prends conscience que je n’ai jamais eu cet élan qui a jailli en moi et m’a fait prendre conscience que « j’aime être maman ». Je n’en ai jamais eu l’élan, alors le dire à haute voix...j'ai honte par moment.
Et quand j’y pense, je me sens coupable. Les larmes qui me montent aux yeux et piquent mes narines révèlent des traumas toujours fragiles qui ont encore besoin d’amour et d’accueil. Et je le fais. Je le fais. Ça, j'y arrive.
La peur du jugement des autres mères pour qui cela semble si fluide, si facile pour elles de sentir compétentes et heureuses d'être mère. C’est une croyance qui m’habite encore parfois. Bin oui, chacune, nous avons nos propres défis. Mais la comparaison me tue.
Wow! C’est HARD. En tout cas, pour moi oui . Dure de constater que les traumas de naissance peuvent entacher ce lien que j’espérais tant. Parce que oui, les traumas, le manque d'accompagnement que nous avons vécus aura contribué à ce sentiment. La séparation de maman et bébé aussi...
Sans parler de la société qui encourage les stéréotypes des familles heureuses, sportives, qui mangent santé "All the time", qui font des activités familiales, les parents qui s'entrainent, qui semblent si unis et complices, qui vont aux 12 activités parascolaires par semaine avec leurs enfants en ajoutant d'être une entrepreneure engagée et novatrice....Wow! Je n'y parviens pas. C'est un idéal qui est tellement répandu. Et il me contamine en rentrant en confrontation avec mon sentiment de culpabilité de ne pas en faire assez.
Lorsque je pense à la maternité, beaucoup de beau émerge ainsi que beaucoup de regrets. Le poids des responsabilités me pèse par moment, et à d’autres instants, j’observe le moment présent comme un cadeau avec tellement de facilité. Une chance!! Heureusement, les choses sont de plus en plus faciles avec le temps. Et c’est tellement riche et rempli de grâce. Tellement éducationnel! De l’éveil à vitesse "grand V". Merci pour ça!
Je constate une fois de plus l’importance de l’accompagnement, de l’accueil, de l’amour, de l’ocytocine, de la bienveillance dans le processus de naissance. Je vois les répercussions de ces manques dans mon parcours, dans les failles qu’ils ont créées dans la relation que j’entretiens avec ma maternité, envers ce rôle que j’ai choisi.
Il y a tellement eu de moments où je me suis sentie séquestrée dans mon désarroi, dans ma détresse, me rendant totalement indisponible à ce qui m’entourait, dont mes enfants, surtout ma fille. Plusieurs de ses larmes n’ont pas été accueillies comme j’aurais aimé, j’étais trop prise dans ma propre tristesse. Et Ho’oponopono pour ça aussi, pour moi. C’est ok.
J’ose dévoiler cet enjeu qui m’habite parfois, qui est encore mal vu et inconfortable dans les discussions et notre société du perfectionnisme et du beau à tout prix.
C’est un défi de tous les instants d’apprendre à aimer et apprécier certains aspects de la maternité… en tissant et retissant une corde à la fois... chacune à sa place, chacun à sa mesure. Et je sens que j’y parviens doucement, au fil du temps, en n’excluant pas que ce tissage puisse durer toute la vie s’il le faut.
Et ça aussi...c’est ok.
Sartre (Jean Paul) disait: « L'important n'est pas ce qu'on a fait de moi; mais ce que je fais moi-même de ce qu'on a fait de moi ».
J’y travaille un jour à la fois.
Et pour vous, comment ça se passe la parentalité?
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